Le parcours troglodytique de Souzay-Champigny
Des entrelacs d'arches sous terre et des petites boutiques creusées dans la roche n'attendent que votre visite. Un panorama donnant sur la Loire, des châteaux crénelés de tuffeau, des niches, des pigeonniers, des meurtrières, des galeries, voilà les merveilles du bord de Loire. Autrefois, un réseau de galeries reliaient entre-elles les maisons de ce coté-ci de la rive ligérienne entre Saumur et Fontevraud. La plupart sont aujourd'hui morcelées en caveaux individuels, en champignonnières, mais il reste de ce passé les vestiges d'une vie dans la roche que je vous propose de découvrir à travers le parcours troglodytique de Souzay-Champigny. La première partie de la visite se déroulera sous terre , la seconde à flanc de coteau.
Champigny
"Sur le plateau, se trouve Champigny, avec les vignes, le lavoir, les carrières d'extraction, le moulin à vent, le four à chaux.
Souzay
Souzay possède un réseau de rues souterraines publiques récemment restaurées. L'une d'elle, la "rue du commerce" était dès le XI ème siècle, l'ancêtre de nos actuels "centres commerciaux" avec des boutiques troglodytiques.
Le château
Ensemble d'habitations construit à partir du XV ème siècle. C'est ici que vécu Marguerite d'Anjou, Reine d'Angleterre, mariée à Henri VI de Lancastre, morte en 1482
Liger (Nom du fleuve en Latin)
Ligérien: Relatif à la Loire
Le port de Souzay se trouve sur la Loire à 7 kms de Saumur, 60 kms de Tours et 50 kms d'Angers"
Ancienne épicerie
"Vous êtes à l'entrée de la rue du commerce qui comptait de nombreuses boutiques dès le XI ème siècle et qui a fonctionné jusqu'au début du XX ème siècle.
Remarquez aussi le puits commun sur la gauche qui pouvait être utilisé par toute la rue."
L'ancienne épicerie
Rue du commerce
Centre commercial du XI ème siècle
Au X ème siècle: on creuse...
C'est la plus ancienne rue de Souzay, elle fut creusée au X ème siècle parallèlement à la Loire.
Au XI ème siècle: un nouveau centre commercial vient de s'ouvrir!
Une fois exploitée par les perreyeux, la galerie fut utilisée par les habitants pour s'y installer et ouvrir des commerces. Les gens y vivaient, y circulaient en charrette, s'y arrêtaient pour acheter fruits et poissons.
Du XII ème au XVI ème siècle, on agrandit encore: Les besoins en tuffeau grandissant, les techniques se modernisant, les perreyeux (ou "carriers"), creusèrent plus profondément et plus perpendiculairement au fleuve. XIX- XX ème siècle: on abandonne L'apparition du chemin de fer, l'exode rural, les constructions hors des caves, entraînèrent l'abandon progressif des commerces.
La taverne
Dans la roche un escalier de pierre mène à une cavité en hauteur qui abrite une chambre
On peut apercevoir des fenêtres creusées dans la paroi de la chambre
Un lit, des plats, quelques fripes et fagots témoignent encore de la vie ici au XX ème siècle
Cette photo est représentative de la complexité, des truchements des galeries et des grottes, des différents niveaux.
Fontis
"Le fontis est un effondrement du sol dans une cavité. Le "Ciel" (partie de la roche se trouvant entre le plafond de la cavité et le terrain du dessus) se fragilise au cours des années, jusqu'à l'effondrement brutal.
Le niveau du sol est donc surélevé du fait des gravas tombés.
A Souzay, les fontis peuvent atteindre plusieurs dizaines de mètres de circonférence et dix mètres de profondeur."
Un Fontis
Fuie ou Fuye
Pigeonnier/colombier
"C'est le lieu où l'on élève les pigeons. Ils sont élevés pour:
- la viande
- la fiente (engrais pour la terre)
- la communication (pigeons voyageurs)
Sous l'ancien régime, seuls les seigneurs, les gentilshommes , les religieux pouvaient posséder une fuie.
Le nombre de "boulins" (alvéoles qui accueillaient les pigeons) était proportionnel à la superficie de la terre cultivée. On pouvait ainsi voir la richesse du seigneur au nombre d'alvéoles de la fuie.
Chaque alvéole représentait en moyenne un demi-hectare de terre cultivable.
A la révolution, le droit exclusif des fuies disparaît et tout le monde peut en posséder.
Ce pigeonnier qui date de la fin du XVIII ème siècle, possède une centaine de boulins ce qui correspond à 50 hectares de terres cultivées."
Un joli espace barbecue a été aménagé dans l'ancienne fuie. En effet, à l'occasion du marché de Noel et du printemps, des fêtes sont données dans le troglo.
Techniques de consolidations
"Depuis 2002, un long travail de confortement des rues souterraines de Souzay a été mis en place. Pour faire face aux différents désordres, plusieurs techniques ont été utilisées.
Piliers fragiles
Méthode classique et abondamment utilisée dans le passé, coffrage en béton.
Dans le cas présent, une autre cave se trouve sous la première, rendant impossible le coffrage béton, beaucoup trop lourd. Un système d'étais avec ceintrage en béton a été mis en place pour alléger l'ensemble et rendre la surveillance de l'évolution possible.
Ciel faible
Le ciel est la partie de roche restante entre la cave et le sol naturel. Pour différentes raisons, érosions, effondrements, celui-ci peut devenir très fin et menacer de disparaître.
Un ensemble de murs en béton ou en pierres de tuffeau, avec des arches permettant le passage, a été mis en place sur le site avec la double contrainte de l'aspect esthétique et sécuritaire.
Blocs fragiles
Les petits éléments se trouvant en bordure sont stabilisés grâce à des grillages ancrés dans la roche. Les éléments plus importants sont boulonnés aux blocs plus solides grâce à des tiges en résine de deux à quatre mètres de long."
De la carrière à la Loire
Ou comment transporter les pierres de tuffeau
"Les blocs de tuffeau extraits de la roche puis taillés sur place étaient descendus à travers ce conduit jusqu'au niveau inférieur.
Ils étaient acheminés jusqu'au niveau inférieur à l'aide d'un palan, (système de poulies).
Le réceptionneur les plaçait alors dans un chariot qui n'avait plus qu'à rejoindre le quai.
Ce gain de temps, très pratique, évitait au charrette de circuler dans les rues sinueuses et étroites du coteau."
Meurtrière (de l'ancien français murtrir: assassiner)
"Fentes pratiquées dans une muraille ou une tour, permettant l'observation ou de projectiles, on les retrouve au début du XII ème siècle.
On pouvait ainsi pratiquer le tir à l'arc ou l'arbalète tout en étant protégé.
C'est l'un des systèmes défensifs les plus répandus.
Au XV ème siècle, les armes à feu portable remplacent progressivement les arcs. Les meurtrières sont alors trop étroites. Les embrasures se modifient donc.
Ainsi, certaines meurtrières possèdent une ouverture circulaire ou rectangulaire plus larges en partie basse pour le passage des nouvelles armes."
Ainsi, certaines meurtrières possèdent une ouverture circulaire ou rectangulaire plus larges en partie basse pour le passage des nouvelles armes."
Le Château (XV ème siècle)
"A vous de découvrir le long de ce chemin, la rue du château et tous les éléments qui témoignent d'une vie passée dense...
Derrière le château de marguerite d'Anjou,(1429-1482, épouse d'Henri VI roi d'Angleterre) se cache un ancien habitat troglodytique comportant aussi une fuie (un pigeonnier) et un pressoir). C'est donc un château semi-troglodytique.
Marguerite d'Anjou et sa cours (environ 600 personnes) vivaient tout au long du côteau probablement jusqu'à Dampierre.
Un souterrain reliait toutes les habitations entre elles, ce qui permettait de circuler en toute tranquillité d'une maison à l'autre.
La route de la levée n'existait pas encore et la seule et unique voie passait le long du château, ce qui explique le nombre important d'éléments défensifs le long de ce chemin: mâchicoulis, meurtrières, échauguettes..."
Echauguette
"Endroit où l'on guette"
(XV ème siècle)
"Petit édifice de guet placé en surplomb, la plupart du temps à l'angle d'une fortification, d'un château, d'une maison, mais aussi aux portes de villes, aux angles de gros ouvrages ou au sommet d'un donjon.
Ces édifices sont décalés de la façade afin d'avoir un champs de vision plus élargi; elles sont parfois munies d'un oeil de boeuf ou d'une meurtrière, me^me si leur rôle relève plus de la surveillance que de la défense.
L'échauguette pouvait contenir une ou plusieurs sentinelles.
Au XIV ème, XV ème, XVI ème siècle, elles s'appelaient aussi "garites", escharguettes", pionnelles...""
Panorama sur la Loire
Et le regard se perd dans les beautés ligériennes..
Le lit de la Loère ( la Loire en patois angevin) s'est transformé en grand pâturage mordoré, lumineux et chaud en cet été 2016. Le contraste avec la fraîcheur troglodytique, la blancheur de la pierre de tuffeau n'en est que plus saisissant et donne à cette balade une dimension toute particulière: complétude sensorielle.
Et la rue étroite prend des allures intimistes avec ses portillons parés de lierres, ses tourelles charmantes, ses maisons en dentelles de pierre, ses escaliers fleuris qui mènent au gré des envies, de la Loire aux vignes de Champigny...